Un grand banquier – pour qui j’ai beaucoup de respect – m’explique qu’avec des taux longs qui continuent de monter (OAT 10 ans au-dessus de 1,40%) et un taux d’usure qui ne reflètera pas cette remontée avant début octobre, sa direction financière a décidé de mettre le robinet du crédit en mode goutte à goutte.
J’ai moi-même été directeur financier de banque et je comprends la rationalité qui est à l’œuvre : le taux d’usure empêchant de répercuter la hausse des taux de marché, autant acheter l’OAT 10 ans (infiniment liquide et sans consommation de fonds propres réglementaires) plutôt que se lier pieds et poings en octroyant un crédit immobilier à taux équivalent.
Quand une réglementation qui visait à l'origine à protéger les emprunteurs a pour conséquence de détourner les banques de leur rôle de financement de l’économie, l’heure est venue de se poser des questions.
Notre taux d'usure a deux défauts de conception majeurs :
- Le taux d’usure qui sera en vigueur jusqu’à fin juin est calculé sur la base des taux constatés sur les crédits décaissés au 1er trimestre 2022, eux-mêmes correspondant à des décisions prises au 4ème trimestre 2021. Ce mécanisme induit ainsi un retard de 9 mois entre la hausse des taux de marché et sa répercussion sur le taux d’usure.
- Le taux d’usure inclut le coût de l’assurance emprunteur (dès lors que celle-ci est obligatoire, ce qui est presque toujours le cas). Pourtant, ce coût est fonction de paramètres individuels (âge, santé, comportements à risque) et non de l’environnement de taux.
Au-delà de ces considérations, ne faut-il pas revenir à l’esprit originel du taux d’usure ? Le concept est présent dès le code de Hammurabi, premier grand code de lois né en Mésopotamie il y a 3 800 ans. Il s’agit alors d’un taux d’intérêt supérieur à 20%, considéré comme toxique pour l’emprunteur. Le taux d’usure actuel est de 2,40% pour des prêts à 20 ans ou plus (incluant le coût de l’assurance emprunteur et des prises de garanties). Un emprunt à 2,40% est-il vraiment toxique lorsque l’inflation est de 4,9% en France et de 7,5% dans l’Union Européenne sur les 12 derniers mois ? Lorsque l’on retire le coût de l’assurance et des prises de garanties, ce taux est souvent équivalent (voire inférieur) à celui auquel s'endette l’Etat français. Ne peut-on pas laisser les emprunteurs décider par eux-mêmes ?
J’aimerais faire ici deux propositions très simples :
1. Exclure le coût de l’assurance emprunteur du taux d’usure
2. Appliquer un plancher, de telle sorte que le taux d’usure ne puisse être inférieur à l’inflation mesurée en France sur les 12 derniers mois.
Bruno Le Maire, François Villeroy de Galhau, emprunteurs, professionnels du crédit, de l'assurance ou de l'immobilier, qu'en pensez-vous ?
#immobilier #creditimmobilier #economie #emprunteur
J’ai moi-même été directeur financier de banque et je comprends la rationalité qui est à l’œuvre : le taux d’usure empêchant de répercuter la hausse des taux de marché, autant acheter l’OAT 10 ans (infiniment liquide et sans consommation de fonds propres réglementaires) plutôt que se lier pieds et poings en octroyant un crédit immobilier à taux équivalent.
Quand une réglementation qui visait à l'origine à protéger les emprunteurs a pour conséquence de détourner les banques de leur rôle de financement de l’économie, l’heure est venue de se poser des questions.
Notre taux d'usure a deux défauts de conception majeurs :
- Le taux d’usure qui sera en vigueur jusqu’à fin juin est calculé sur la base des taux constatés sur les crédits décaissés au 1er trimestre 2022, eux-mêmes correspondant à des décisions prises au 4ème trimestre 2021. Ce mécanisme induit ainsi un retard de 9 mois entre la hausse des taux de marché et sa répercussion sur le taux d’usure.
- Le taux d’usure inclut le coût de l’assurance emprunteur (dès lors que celle-ci est obligatoire, ce qui est presque toujours le cas). Pourtant, ce coût est fonction de paramètres individuels (âge, santé, comportements à risque) et non de l’environnement de taux.
Au-delà de ces considérations, ne faut-il pas revenir à l’esprit originel du taux d’usure ? Le concept est présent dès le code de Hammurabi, premier grand code de lois né en Mésopotamie il y a 3 800 ans. Il s’agit alors d’un taux d’intérêt supérieur à 20%, considéré comme toxique pour l’emprunteur. Le taux d’usure actuel est de 2,40% pour des prêts à 20 ans ou plus (incluant le coût de l’assurance emprunteur et des prises de garanties). Un emprunt à 2,40% est-il vraiment toxique lorsque l’inflation est de 4,9% en France et de 7,5% dans l’Union Européenne sur les 12 derniers mois ? Lorsque l’on retire le coût de l’assurance et des prises de garanties, ce taux est souvent équivalent (voire inférieur) à celui auquel s'endette l’Etat français. Ne peut-on pas laisser les emprunteurs décider par eux-mêmes ?
J’aimerais faire ici deux propositions très simples :
1. Exclure le coût de l’assurance emprunteur du taux d’usure
2. Appliquer un plancher, de telle sorte que le taux d’usure ne puisse être inférieur à l’inflation mesurée en France sur les 12 derniers mois.
Bruno Le Maire, François Villeroy de Galhau, emprunteurs, professionnels du crédit, de l'assurance ou de l'immobilier, qu'en pensez-vous ?
#immobilier #creditimmobilier #economie #emprunteur