Hier, une femme a marqué l’histoire dans un tribunal.

Cela fait des semaines que je pense à l’affaire Pelicot qui nous a tous secoués, et je n’ai jamais su trouver les mots justes.

Je pense aussi aux 4 infections sexuellement transmissibles dont un papillomavirus détectée par la légiste. Le frottis qui révélera l’absence de lésions cancéreuses. Le médecin qui souligne que la victime a “miraculeusement“ échappé à une hépatite B, C, à la syphilis et au VIH, auquel elle a été exposée à six reprises par l'un des accusés.

Je pense aussi à cette femme et cet homme qui ont mis fin à son calvaire : Cet agent de sécurité femme qui a surpris Dominique Pelicot en flagrant délit en train de filmer sous la jupe d’une cliente à la caisse sur une caméra et son collègue masculin qui viendra le confronter face à une cliente médusée.
Ces agents qui insisteront pour que les 4 victimes portent plainte et qui ne l’ont pas lâché jusqu’à l’arrivée de la police.
Ces agents qui ont permis de lancer cette enquête et de faire éclater la vérité.

Alors, je vais simplement reprendre les mots de Madame Pelicot, hier, à son procès :

“Dominique, nous avons eu 50 ans de vie commune. J’ai été heureuse. Trois enfants et sept petits-enfants. Tu as été un homme bienveillant, attentionné. Jamais je n’ai douté de ta confiance. Nous avons partagé nos rires, nos peines. Souvent, je te disais : Quelle chance j’ai de t’avoir !

Je cherche à comprendre comment l’homme parfait a pu en arriver là. Je ne comprends pas comment tu as pu me trahir. Comment as-tu pu faire entrer autant d’hommes dans notre chambre à coucher ?

Aujourd’hui, ma vie a basculé dans le néant. À 72 ans, je ne sais pas si ma vie suffira pour comprendre tout ce qui m’est arrivé.

Quand j’ai choisi de lever ce huis clos, je voulais que les victimes de violences sexuelles se disent : Madame Pelicot l’a fait, on peut le faire.

Je ne veux plus qu’elles aient honte. La honte doit changer de camp.

Autour de moi, j’entends beaucoup de femmes et d’hommes qui me disent : Vous avez énormément de courage.

Ce n’est pas du courage, c’est de la volonté et de la détermination pour faire avancer cette société.”

Vous étiez peut-être bien seule dans ce tribunal face à vos bourreaux.
Mais sachez qu’à l’extérieur, une armée de femmes et d’hommes étaient derrière vous.

Le Monde a vu et entendu.
Plus rien ne sera comme avant.

Vous avez ouvert une porte que plus personne ne pourra refermer.

Merci Madame.