Victoria Guillomon

Ah ça oui, nous agissons comme si nous étions seuls au monde. Et je ne comprends plus ce monde.

Paris Gare de Lyon, mardi matin. On continue de prôner les vacances sur du sable fin à l’autre bout de la planète.

Et pendant ce temps, la planète brûle.

Mais tant pis, partons seuls au monde sur des îles goûter une eau à 35 degrés. Un vol de plus, un MacDo de plus, une voiture en plus, un steak en plus, tant pis, après tout.

La bonne nouvelle dans notre folie, c’est que bientôt le sable fin et chaud sera devant notre porte. On n’aura alors plus besoin de voler 8h pour le trouver.

On sort de l’hiver et les napes phréatiques qui devraient être remplies, sont vides.

Hier, je lisais dans le journal que nous prévoyons un risque de 40% de déficit en eau douce d’ici à 2030.

En France, comme dans de nombreux pays européens, l’eau est déjà comptée. Les restrictions, les ruisseaux à sec, on ne voyait ça qu’en été. Mais on continue de placarder le bonheur lointain.

Je ne comprends plus ce monde.

40% de déficit en eau douce.

C’est ça qu’il faut placarder en gras et en grand dans les gares.

Venez en Ardèche, les ruisseaux aussi sont vides. Mais promis, on s'y sent aussi seuls que sur les îles.

MA PREMIÈRE SUR FRANCE INTER. Et certainement ma prise de parole la plus délicate. 150 000 auditeurs sur le Débat de Midi.
Et comme son nom l’indique : c’était un débat.

Je suis arrivée avec mon gros sac sur le dos au milieu des costards cravates, avec beaucoup d’appréhensions.

J’ai mis les pieds dans un espace qui n’est pas de mon monde, et dont je n’ai pas les codes.
Mais je voulais honorer cette opportunité de faire entendre l’écologie intérieure à heure de grande écoute, sur la radio la plus suivie de France.

C’était un challenge.

Je le savais, que mon discours allait être minimisé parce que « la joie, ce n’est pas une solution concrète ».

Je savais qu’au milieu des partis politiques affirmés j’allais devoir préserver ma nuance et mon calme.

Ce n’était pas évident d’échanger dans un espace aussi rythmé, où la parole est si peu entendue, écrasée par les tons qui s’élèvent pour s’imposer.

On a essayé de politiser mon discours, mais j’ai tenu.
On a essayé de dénoncer ma joie, mais je l’ai renforcée.
Pour n’appeler finalement qu’à une chose : renouer avec l’humanité en rassemblant plus qu’en clivant.

Merci France Inter d’ouvrir les voies en donnant la parole à de nouvelles voix.

Dans un monde qui ne tourne plus si rond, nous avons besoin de figures plus spirituelles, qui dépolitisent l’écologie pour la poétiser.
Qui s’éloignent des chiffres pour incarner une véritable métamorphose sociétale.
Et dans la joie.
Toujours.

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_ le replay de l'émission Le débat de Midi de France Inter est disponible sur l'app Radio France !